La gardienne tombe nez à nez avec un hommage à Robert Filiou.
Elle s’assoit et ouvre un livre dans lequel elle lit qu’il rêvait d’un musée dans une casquette.
Ayant ôté de sa tête sa propre casquette dont elle scrute l’intérieur, elle songe alors au résultat d'un tel projet, et le trouve tout à coup formidable.
La gardienne tourne la tête pour voir ce qui malgré Filiou est exposé au Musée d’Art Moderne. Se trouvent là de manière ordonnée quelques objets dont elle ne peut se saisir car ceux-ci sont allongés dans une boîte en plexi posée contre un mur blanc qui fait un peu près 50 fois la taille du rectangle latéral de celle-ci.
La gardienne tourne la tête pour voir ce qui malgré Filiou est exposé au Musée d’Art Moderne. Se trouvent là de manière ordonnée quelques objets dont elle ne peut se saisir car ceux-ci sont allongés dans une boîte en plexi posée contre un mur blanc qui fait un peu près 50 fois la taille du rectangle latéral de celle-ci.
Elle repose sur un socle blanc lui aussi qui est accompagné d’un cartel sur lequel figurent un titre et une date.
A quelques mètres, un collègue en costume noir veille à ce que personne n’emporte la boîte à la maison.
La gardienne recule et déambule au hasard.
La gardienne recule et déambule au hasard.
Il n'est pas encore l'heure de reprendre son poste, elle décide de prolonger sa visite de l'exposition.
Nez à nez avec un monochrome bleu, elle interrompt sa balade.
Nez à nez avec un monochrome bleu, elle interrompt sa balade.
Son regard se fige et voit doucement apparaître dans le bleu, des tâches violettes, qui se rejoignent, devenant de plus en plus claires, jusqu'à faire émerger... du rose.
La gardienne cligne des yeux mais rien y fait, le tableau est gangréné de rose.
La gardienne cligne des yeux mais rien y fait, le tableau est gangréné de rose.
C'est bien celui d'Yves Klein, elle a entendu parlé d'Yves Klein, elle sait qu'il était mystique, qu'il a brûlé le secret de son bleu, que des mannequins servaient à ses anthropométries, peintures effectuées à base d'empreintes de hanche et de seins, principalement...
Ayant décroché de l'attraction colorée , la paupière clignotante, la gardienne continue son bout de chemin pour quelques minutes encore. Sautillant, ses ballerines percutent le sol avec légèreté et commence à produire des petites phrases de rythme.
Arrivée seule dans une grande salle vide, face à deux grands formats, elle se met à danser, ce que l'on nomme communément les claquettes, in english tap dance...
Emportée par ce son, elle accélère sa déambulation et se répand dans tout le cube blanc.
Une visiteuse entre dans l’espace et s’arrête interloquée par l'action de la gardienne qui ne la remarque pas tout de suite. Lorsqu'enfin celle-ci la remarque, elle mime alors avec sérieux de tester un détecteur de mouvement placé au pied de la plus grande toile. Frappant du pied, déclenchant le bip de manière syncopée, intérieurement amusée par ce bruit , dans le plus grand sérieux de sa mission, elle poursuit son action sécuritaire qui tourne en concert expérimental de percussion improvisée mêlant frappement de talon, clappement de main et bip d'alarme sur-aiguë.
Le concert fini, la gardienne quitte la salle et rejoint son poste.
"La gardienne"
juillet 2009
Strasbourg
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